Une nouvelle technique d’administration d’antalgiques

Une nouvelle technique d’administration d’antalgiques

Le Centre d’étude et de traitement de la douleur (CETD) de l’hôpital de la Roche-sur-Yon (Vendée) développe la technique d’analgésie intrathécale pour soulager les douleurs chroniques les plus violentes.

L’analgésie intrathécale est un traitement de pointe pour soulager les douleurs chroniques les plus violentes, telles que le cancer du pancréas, du poumon ou encore du petit bassin. C’est un réservoir métallique intégré sous la peau du patient au niveau de son abdomen. Contenant un puissant mélange d’anti-douleur à base de morphine, d’anesthésiant local et ziconotide (extrait d’un mollusque asiatique, encore plus puissant que la morphine), le boîtier est relié à la colonne vertébrale du patient par le biais d’un cathéter. « C’est similaire à une ponction lombaire », souligne le docteur. Sauf que le réservoir à médicaments se trouve à l’intérieur du patient. « L’intérêt est de distribuer le médicament là où il agit. » Une fois administrée, la dose atteint directement la moelle épinière et soulage la douleur.

Contrairement aux traitements par voie orale, qui sont filtrés par le foie et perdent jusqu’à 50 % de leur efficacité, cette méthode agit instantanément sur la douleur du patient. Comme le médicament ne passe pas par le système digestif, « la dose administrée est diminuée par 300 » par rapport aux mêmes médicaments pris en cachet. Avec ce système, le patient peut dire adieu « ou presque » aux effets secondaires des anti-douleurs hyper puissants, tels que « la constipation, la somnolence et la confusion », détaille le docteur Yves-Marie Pluchon.

Ce type de traitement est particulièrement utilisé pour les cancers très douloureux. 

Un boîtier de ce type coûte environ 8 000 euros, ce qui est « dérisoire par rapport à une hospitalisation prolongée » qui peut s’élever à 2 000 euros par jour. « Là, le patient est chez lui, redevient autonome » sans être branché à une perfusion qui limite ses déplacements. Et grâce à une télécommande, le patient peut s’auto-administrer une dose supplémentaire en cas de pic de douleur. Dans le service, d’autres possibilités à l’analgésie intrathécale sont pratiquées, notamment la stimulation médullaire, avec des électrodes implantées dans la moelle épinière et qui envoient un signal électrique. Ou encore, une technique plus ancienne qui utilise « des champs magnétiques envoyés dans le cerveau du patient pour perturber le message douloureux ».

Source : Actu.fr

Une nouvelle technique d’administration d’antalgiques

Médicaments avec e-notice : la liste d’expérimentation est parue

L’ANSM a publié le 28 avril la liste des quelque 600 spécialités retenues pour l’expérimentation de notices dématérialisées, ou “e-notices”.

Cette expérimentation annoncée fin 2023 par le comité de pilotage de la planification écologique prévoit de supprimer la notice papier pour certains produits distribués à l’hôpital et d’ajouter un QR code à la notice papier pour certaines spécialités de ville.

L’expérimentation commencera le 1er octobre et doit durer deux ans. Les listes des produits concernés, diffusées par l’ANSM le 28 avril dernier, comprennent quelque 420 références à l’hôpital et 170 en ville.

Dans le circuit hospitalier, plusieurs anticancéreux sont inclus, tout comme les thérapies géniques et cellulaires. On note 63 références commercialisées par Pfizer dont plusieurs antibiotiques et anti-hypertenseurs. La liste à l’hôpital compte par ailleurs une dizaine de références de Sanofi, trois produits de Takeda et des médicaments dérivés du sang du Laboratoire français du fractionnement et des biotechnologies (LFB).

On y trouve aussi de nombreux génériques ou biosimilaires (proposés notamment par Viatris, Fresenius, Sandoz, Teva, Hikma, Medac, Accord Healthcare, Celltrion et Panpharma) ainsi que des agents radiopharmaceutiques vendus par GE Healthcare, CIS bio international, Curium PET et des gaz médicaux d’Air liquide.

Dans le circuit de ville, les spécialités retenues dans l’expérimentation e-notice sont uniquement des statines, des vaccins, des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) et différentes formes de paracétamol.

Pour rappel, l’expérimentation de e-notice a fait vivement réagir France Assos Santé, qui affirmait au printemps 2024 que les usagers souhaitaient “conserver la version papier” des notices d’information des médicaments, les e-notices n’offrant pas “les mêmes garanties d’accessibilité”.

Pour rappel : En ville les laboratoires apposeront un « QR code » sur la boîte (en complément de la notice papier et renvoyant vers sa version dématérialisée sur la base de données publique des médicaments) et seront tenus de réaliser des vidéos pour promouvoir le bon usage de ces spécialités. Les notices et les vidéos préalablement validées par l’ANSM seront accessibles via un nouvel onglet « bon usage » sur la BDPM. 

Source : ANSM Appel à candidatures et liste des médicaments

SANOFI va aussi investir aux Etats-Unis en production

SANOFI va aussi investir aux Etats-Unis en production

SANOFI a fait part dans un communiqué de son intention d’investir « au moins 20 milliards de dollars » aux Etats-Unis dans les cinq prochaines années, en production et en recherche.

La liste des investisseurs pharmaceutiques aux USA s’accroit. Rappelons que Lilly, Johnson & Johnson, AbbVie, Bristol Myers Squibb, Gilead, Roche, Novartis et Takeda, ont déjà annoncé près de 250 milliards de dollars (223,7 milliards d’euros) d’investissements aux Etats-Unis ces derniers mois.

Sanofi cède lui aussi à la pression de Washington. Le laboratoire pharmaceutique français a fait part, mercredi 14 mai, de son intention d’investir « au moins 20 milliards de dollars » outre-Atlantique dans les cinq prochaines années.

« Cet investissement prévu comprend une augmentation significative des dépenses de recherche et développement et l’allocation de milliards de dollars à la production américaine », annonce le groupe tricolore, qui précise que ces montants seront ajustés en fonction de l’évolution de l’environnement extérieur.

Le laboratoire pharmaceutique, qui a réalisé près de 49 % de ses ventes aux Etats-Unis en 2024, est la première « Big Pharma » de l’Union européenne à rejoindre le groupe des fabricants investisseurs.

Seulement 25 % de sa production est implantée, répartie dans cinq usines. 

Cette annonce n’est pas vraiment une surprise puisque la direction avait préparé le terrain fin avril en déclarant envisager d’augmenter ses investissements aux Etats-Unis. Elle intervient néanmoins dans un climat d’imprévisibilité et donc d’inquiétude concernant la politique commerciale américaine du médicament.

« Les investissements prévus devraient créer un nombre important d’emplois bien rémunérés » dans les années à venir, assure Sanofi, qui compte 13.000 employés basés aux Etats-Unis.

Sources : SANOFI et communiqués de presse (Les Echos, Capital, Le Monde,…)

Un point sur les produits combinés

Un point sur les produits combinés

Le BSI partage son analyse de l’impact du règlement 2017/745 sur les produits combinés et les dispositifs médicaux à base de substances. 

Bien que le terme “produit combiné” ne soit pas défini légalement dans l’UE, il désigne généralement des dispositifs intégrant un produit médical et un médicament. Ces combinaisons sont courantes dans le secteur de la santé, facilitant l’administration et l’efficacité thérapeutique. Indicateur de l’importance de ce secteur, en 2023, la taille du marché de ces produits aux États-Unis est évaluée à 47,6 milliards de dollars et devrait croître à un taux de croissance annuel composé de 7,7 % entre 2024 et 2030.

Les combinaisons intégrales médicament-dispositif (IDDCs) (seringues préremplies et les auto-injecteurs) pour lesquels l’article 117 sur RDM a introduit de nouvelles exigences majeures. Il exige que la partie dispositif du produit réponde aux exigences générales de sécurité et de performance (GSPRs) définies par l’annexe I du règlement. 

Plusieurs options permettent aux fabricants de prouver cette conformité :

  • Utilisation d’un dispositif certifié CE.
  • Déclaration de conformité du fabricant (pour les dispositifs de classe I).
  • Obtention d’un avis d’un organisme notifié (Notified Body Opinion – NBOp).

D’après l’expérience acquise lors de la réalisation de nombreuses évaluations des NBOp, les preuves utilisées pour démontrer la conformité aux GSPRs peuvent provenir de nombreuses sources telles que la littérature, les fournisseurs et les sous-traitants, en plus des données internes.

Des informations provenant de données non publiées de l’EMA suggèrent que 25 % des demandes d’autorisation de mise sur le marché comprennent un IDDC. Au cours de la période examinée, 68 demandes d’IDDC ont été déposées. Sur ces 68 procédures, 75 % comportaient un ou plusieurs NBOps disponibles. Les autres doivent encore être fournis avant l’avis du Comité des médicaments à usage humain (CHMP). Seules deux demandes d’autorisation de mise sur le marché ont fourni une déclaration de conformité (DoC) au lieu d’un NBOp.

Les délais d’examen diffèrent d’un organisme notifié à l’autre et dépendent de la qualité de la documentation fournie et du nombre de cycles d’examen nécessaires pour clôturer les points en suspens.

En supposant que le fabricant dispose des preuves de sa conformité aux GSPRs, l’émission d’un avis prend généralement entre 2 et 6 mois.

Les combinaisons dispositif-médicament (Règle 14 du MDR) : Ces dispositifs comportent une substance médicamenteuse ayant une action auxiliaire, comme les stents à élution médicamenteuse ou les pansements antimicrobiens.

La procédure prévue par le RDM pour les dispositifs contenant des substances médicinales auxiliaires reste largement inchangée, bien que la formulation de la règle 14 ne contienne plus l’expression « susceptible d’agir ».

Les implications de ce changement de formulation ont suscité quelques inquiétudes parmi l’industrie et les organismes notifiés, car il était possible que des dispositifs contenant des substances médicinales « inactives » soient surclassés. En fait, l’interprétation correcte de la règle 14 a été clarifiée dans le document MDCG 2022-5.

Les dispositifs médicaux à base de substances (Règle 21 du MDR) : Ce sont des produits composés de substances ou mélanges de substances qui remplissent leur fonction principalement par des moyens physiques (ex. : collyres lubrifiants, crèmes pour eczéma).

La règle 21 du MDR a été introduite pour mieux encadrer les dispositifs à base de substances absorbées ou appliquées localement. Elle considère plusieurs facteurs :

  • La nature de l’absorption ou la dispersion locale du dispositif.
  • Le degré de toxicité et d’invasivité du produit.
  • L’éventuelle interaction avec d’autres médicaments ou dispositifs médicaux.

L’un des points d’interprétation erronée les plus courants en ce qui concerne la règle 21 concerne le terme « dispersion locale », un aspect qui est généralement ignoré, les fabricants justifiant la non-applicabilité de la règle 21 uniquement sur la base de l’absence d’absorption systémique du dispositif. Le document MDCG 2021-24 fournit des définitions des termes pertinents de la règle 21.

Les exigences supplémentaires résultant de la règle 21 comprennent un examen de la qualité et de la sécurité des dispositifs en ce qui concerne les exigences non couvertes par le présent règlement, conformément aux exigences pertinentes énoncées à l’annexe I de la directive 2001/83/CE pour l’évaluation de l’absorption, de la distribution, du métabolisme, de l’excrétion, de la tolérance locale, de la toxicité, de l’interaction avec d’autres dispositifs, médicaments ou autres substances et du risque d’effets indésirables (annexe IX 5.4(a) du RDM).

Un enjeu majeur est la distinction entre dispositifs médicaux et médicaments. En effet, certains produits comme les gels topiques ou les compléments alimentaires peuvent parfois être considérés comme des dispositifs médicaux dans certains pays et comme des médicaments dans d’autres. Cette incertitude réglementaire entraîne des problèmes de classification.

Cas borderline

L’un des défis du RDM est la correcte qualification des produits combinés et des dispositifs à base de substances. L’analyse des mécanismes d’action est cruciale pour déterminer si un produit relève des règles applicables aux dispositifs médicaux ou aux médicaments. Pour trancher ces questions, les fabricants doivent apporter des preuves solides concernant :

  • L’action principale du produit (physique ou pharmacologique).
  • Les allégations médicales associées au dispositif.
  • La pertinence des composants et leur interaction avec l’organisme humain.

Lorsque des différends surviennent, la réglementation prévoit un arbitrage entre l’autorité compétente du fabricant et celle de l’organisme notifié. Cependant, ces arbitrages restent complexes à gérer et peuvent prolonger les délais de mise sur le marché.

Source : BSI

Un point sur les produits combinés

eCTD v4.0 : où en est-on ?

Bien que disponible depuis 2015, seuls le Japon et les USA ont commencé à l’utiliser de manière optionnelle, tandis que l’Europe n’en est qu’à la phase de tests techniques.

L’eCTD v4.0 peut être utilisée pour les soumissions à toute agence réglementaire participant à l’ICH depuis 2015, lorsqu’il a atteint l’étape 4 du processus du Conseil international d’harmonisation (ICH). Toutefois, dix ans plus tard, seuls le Japon et les États-Unis ont commencé à utiliser la nouvelle version de manière facultative tandis que l’Europe n’en est qu’à la phase de tests techniques avec l’EMA, qui prévoit une adoption obligatoire en 2027.

L’eCTD v4.0 vise à offrir plus de flexibilité dans la gestion des documents et à améliorer la communication entre agences et entreprises pharmaceutiques. Contrairement à la version précédente (v3.2), qui repose sur une table des matières statique, la nouvelle version permet une adaptation plus dynamique des soumissions, facilitant notamment l’intégration de nouveaux types de documents ou la gestion des procédures complexes comme les médicaments combinés (dispositifs et médicaments). Cette flexibilité pourrait accélérer l’approbation des médicaments innovants et optimiser les cycles de soumission.

Bien que l’adoption de la nouvelle norme ait été lente, des progrès significatifs ont été réalisés en 2024, les trois membres initiaux de la Conférence internationale sur l’harmonisation (CIH) (l’UE, le Japon et les États-Unis) ayant pris des mesures en vue d’une mise en œuvre complète :

  • En décembre 2024, l’EMA a annoncé un plan en trois étapes pour sa phase pilote technique de la version 4.0 de l’eCTD, en commençant par inviter les fournisseurs de logiciels à soumettre des maquettes afin d’évaluer l’interopérabilité technique. Différents fournisseurs ont compilé et soumis de telles soumissions pilotes au cours du premier trimestre 2025, et celles-ci sont actuellement évaluées par l’agence. La deuxième étape du projet pilote devrait avoir lieu au cours du deuxième trimestre 2025. L’utilisation obligatoire de l’eCTD v4.0 pour les demandes d’AMM en procédure centralisée est actuellement prévue pour 2027.
  • Le Japon accepte actuellement de nouvelles soumissions dans le format eCTD v4.0 et prévoit de l’utiliser d’ici 2026.
  • La FDA a commencé à accepter l’eCTD v4.0 sur une base volontaire à partir du 16 septembre 2024, l’utilisation obligatoire étant prévue pour 2029. Il sera très intéressant de voir à quelle vitesse l’industrie adoptera le nouveau format pendant cette phase de transition.

Cependant, les États-Unis et le Japon n’acceptent la version 4.0 que pour les nouvelles demandes. Le problème se pose moins au Japon, où les règles relatives au cycle de vie exigent une nouvelle demande pour la plupart des suppléments/variations, mais cela ralentira certainement l’adoption, car les entreprises commanditaires ne pourront pas encore passer à 100 % à la version 4.0. La majorité des soumissions réglementaires étant liées au cycle de vie des médicaments (et non à de nouveaux dossiers), cette transition pourrait ralentir l’adoption complète du format.

Un autre défi majeur est l’absence de mise en œuvre de la communication bidirectionnelle, une fonctionnalité clé de la version 4.0. Cette amélioration permettrait aux agences de transmettre leurs retours directement aux entreprises via un système électronique intégré, optimisant ainsi le suivi des soumissions. Toutefois, ce changement nécessiterait des investissements significatifs de la part des agences et des entreprises.

Plusieurs pays, dont le Canada, le Brésil et l’Australie, prévoient de lancer des pilotes techniques pour l’eCTD v4.0. Cependant, la mise en œuvre reste incertaine, en raison des nombreux reports constatés ces dernières années. Les entreprises pharmaceutiques doivent dès à présent se préparer à cette transition en adaptant leurs systèmes informatiques et en renforçant leur expertise technique sur la gestion du nouveau format.

Ainsi, bien que l’adoption de l’eCTD v4.0 progresse lentement, son intégration à grande échelle pourrait transformer les processus réglementaires, en facilitant la réutilisation des documents et en harmonisant davantage les pratiques internationales. Reste à voir si l’industrie et les autorités réglementaires parviendront à surmonter les obstacles liés à cette transition dans les prochaines années.

Source : DIA global forum