Les start-up et les PME innovantes en santé multiplient les initiatives de relocalisation industrielle de nouveaux produits pharmaceutiques et de dispositifs médicaux en France. La priorité étant par ailleurs de relocaliser une part de CDMO.
Catalent, le spécialiste du remplissage de seringues en milieu stérile se réoriente dans les essais cliniques de produits de biotechnologie sur son site industriel de Limoges (Haute-Vienne). De son côté, la start-up CorWave, qui développe des pompes cardiaques innovantes, vient de lever 61 millions d’euros pour financer sa première usine dans son nouveau site de Clichy-sur-Seine (Hauts-de-Seine).
L’écosystème des start-up et PME innovantes en santé (ou healthtech) amorce sa dynamique de réindustrialisation de médicaments et de dispositifs médicaux dans l’Hexagone. En phase avec le plan Innovation Santé du programme France 2030, doté de 7,5 milliards d’euros pour soutenir l’innovation dans les biotechnologies, la bio production, les dispositifs médicaux et le numérique en santé, les initiatives publiques et privées se multiplient pour faire de la France une terre d’excellence de la biotech (molécules pharmaceutiques) et la medtech (dispositifs médicaux).
« On compte déjà huit projets de relocalisation de production de principes actifs sur le territoire national. L’Etat mise sur l’innovation pour implanter le biomanufacturing de thérapies innovantes et pour permettre d’abaisser les coûts de développement et de production de nouveaux médicaments, ainsi que leur risque sanitaire », indique Franck Mouthon, président de France Biotech, association de 600 start-up, PME et ETI.
« L’idée est de soutenir financièrement les entreprises pour les faire entrer dans une logique d’industrialisation innovante et créer des usines 4.0 », ajoute Paul-François Fournier, directeur exécutif Innovation chez Bpifrance. En témoigne l’ambition du volet healthtech du plan national Deeptech dédié aux pépites développant des innovations de rupture. Il vise à faire émerger plus de 150 start-up par an pour constituer des licornes industrielles grâce à l’apport de fonds publics et privés.
Pour l’heure, la priorité est de relocaliser une part de CDMO. C’est dans cette logique que le premier Spac européen EureKing (société d’acquisition à vocation spécifique) dédié à la bioproduction a été créé avec un fonds de 150 millions d’euros pour acquérir des CDMO. « EureKing s’apprête à racheter sa première cible Skyepharma, acteur clé dans le développement de médicaments et leurs formes par voie orale, pour créer un leader européen de bio-CDMO. Le spac pourrait acquérir à l’avenir d’autres CDMO à l’étranger pour accroître ses capacités de production, élargir son offre de services et capter de nouveaux clients dont la production dédiée pourrait ensuite se faire en France », souligne Cédric Garcia, associé au cabinet EY, chargé des biotechs et medtechs.
La question des CDMO sur le territoire national est cruciale. Par leurs essais cliniques, ces prestataires et sous-traitants industriels sont un point de passage obligé pour l’autorisation de mise sur le marché (AMM) de nouveaux médicaments et de dispositifs médicaux. Implantés en France, ils permettront d’accélérer les essais cliniques pour faire bénéficier le plus tôt possible aux patients de nouveaux traitements.
Les CDMO contribueront ainsi à rendre notre système de santé plus efficace et attractif, conformément à l’objectif de l’Etat. « Nous devons relever l’énorme enjeu de la transformation du système de santé. Cela passe notamment par l’accélération des essais cliniques avec la création de l’Agence de l’innovation en santé (AIS) destinée à favoriser l’émergence, le développement et la diffusion des innovations françaises », conclut Paul-François Fournier.
Source : Les Echos