Réforme de la législation pharmaceutique : retours du DIA Europe

Réforme de la législation pharmaceutique : retours du DIA Europe

Le congrès DIA Europe s’est tenu la semaine dernière et certains des sujets abordés font l’objet d’un vote à la Commission ENVI le 19 Mars. 

Parmi les sujets abordés, la notion de “besoins médicaux non satisfaits” (unmet medical need) qui d’après les groupes de patients de l’UE est trop restrictive dans le cadre de la réforme pharmaceutique proposée par l’UE et ne tient pas compte du point de vue des patients sur les besoins non satisfaits. Dans le cadre des réformes proposées, les traitements qui répondent à des besoins médicaux non satisfaits bénéficieraient d’une exclusivité commerciale supplémentaire afin d’encourager le développement de produits.

Maria Boulos, de l’EMA, a déclaré lors de la conférence DIA Europe du 13 mars que ces définitions font actuellement l’objet de “discussions approfondies” au Parlement européen avant le vote de la proposition par la commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire (ENVI) mardi. D’autres participants à la session ont discuté des défis liés à l’application du terme aux médicaments.

La révision de la législation pharmaceutique de l’UE, qui comprend la définition des besoins médicaux non satisfaits, a été adoptée par la Commission européenne en avril 2023 et vise à améliorer l’accès des patients aux médicaments, entre autres objectifs. La disposition précise qu’un médicament répond à la définition d’un besoin non satisfait s’il traite une “pathologie menaçant la vie ou gravement débilitante” pour laquelle il n’existe pas de traitement et produit une “réduction significative de la morbidité ou de la mortalité de la maladie”. Un produit sera considéré comme répondant à un besoin médical non satisfait élevé s’il traite une maladie rare pour laquelle il n’existe pas de traitement ou s’il est considéré comme une “avancée thérapeutique exceptionnelle”.

Si un produit répond à un besoin non satisfait, il bénéficie d’une exclusivité commerciale de six mois supplémentaires selon la proposition de la Commission ou de douze mois selon un amendement de compromis proposé par le Parlement européen. Les produits orphelins bénéficieraient d’une année supplémentaire d’exclusivité commerciale dans le cadre de la proposition de la Commission et de deux années supplémentaires d’exclusivité dans le cadre de l’amendement de compromis du Parlement européen.

Actuellement, un besoin médical non satisfait est défini comme une condition pour laquelle “il n’existe pas de méthode satisfaisante de diagnostic, de prévention ou de traitement” ou qui est considérée comme un “avantage thérapeutique majeur” par rapport aux traitements actuels.

Maria Boulos de l’EMA a déclaré que les spécificités de la définition sont importantes car elles soutiennent les outils d’accès dans le cadre du programme de médicaments prioritaires (PRIME), les évaluations accélérées et l’autorisation de mise sur le marché conditionnelle.

Parmi les autres sujets votés lors de la Commission ENVI : les dispositions relatives à l’exclusivité du marché et la protection des données réglementaires par rapport à la proposition de la Commission. 

En effet, la proposition de nouveau règlement contient certains des changements qui ont été rejetés par l’industrie pharmaceutique de marque, tels que les changements prévus pour les conditions d’exclusivité du marché. Actuellement, l’Union européenne prévoit huit ans de protection des données, suivis de deux ans de protection de la commercialisation. La Commission a proposé de réduire la protection des données à six ans et de donner aux entreprises la possibilité de prolonger cette période par des actions telles que le lancement de leurs médicaments dans tous les pays de l’UE.

Alors que la Commission européenne avait proposé de réduire la période de protection des données réglementaires pour les nouveaux médicaments de huit ans dans le cadre de la législation existante à six ans, le compromis de la commission ENVI donnerait aux fabricants de médicaments 7,5 ans de protection des données réglementaires, avec des périodes de protection supplémentaires si le produit répond à des besoins médicaux non satisfaits ou si les essais cliniques ont été menés au sein de l’UE.

Les amendements de compromis maintiendraient la période d’exclusivité de neuf ans de la Commission européenne pour les médicaments orphelins, alors qu’une proposition antérieure du rapporteur du règlement, Tiemo Wölken, aurait réduit cette période à huit ans et l’aurait portée à 11 ans si le produit répondait à un besoin médical important non satisfait. En outre, les amendements de compromis réduiraient l’exclusivité commerciale pour les produits orphelins autorisés dans le cadre de ce que l’on appelle les applications bibliographiques de cinq ans dans la proposition de la Commission à quatre ans.

La Commission a reçu peu de réactions de la part des membres de l’ENVI sur son projet de réduire de 210 à 180 jours le temps nécessaire à l’EMA pour effectuer les évaluations scientifiques des demandes de médicaments, et la période de 180 jours proposée par la Commission est maintenue dans les amendements de compromis. 

La commission parlementaire a travaillé à l’élaboration de sa position sur la législation, parallèlement à l’évaluation des propositions par le Conseil européen. Les discussions et les votes alimenteront les négociations prévues entre les trois principaux organes de l’UE. Le mandat de la Commission court jusqu’au 31 octobre 2024, ce qui laisse planer des doutes sur la capacité des décideurs politiques à achever le processus avant la fin du mandat actuel.

Source : RAPS

Informations liées aux dispositifs médicaux

Informations liées aux dispositifs médicaux

Parmi les informations, nouveau guide du MDCG, mise à jour de l’enquête auprès des ON, IA, télémédecine, PSUR. 

La Commission européenne a publié une version mise à jour des guides du MDCG publiés et à venir ainsi qu’un nouveau guide MDCG 2024-3 Guidance on content of the Clinical Investigation Plan for clinical investigations of medical devices. 

Sur le site de la Commission européenne a été mis en ligne le document mis à jour – Enquête auprès des organismes notifiés sur les certifications et les applications (MDR/IVDR) – Résultats de la 6e enquête auprès des ON avec statut des données 31 octobre 2023 (petit, moyen et grand ensemble de données) – 11 mars 2024 (version révisée). En octobre 2023, le nombre de demandes s’élevait à environ 18 000, tandis que le nombre de certificats MDR délivrés a augmenté jusqu’à 5 599 (1 700 de plus que le nombre obtenu en juin 2023). En outre, dans le cadre du MDR, le délai moyen entre le dépôt de la demande auprès de l’organisme notifié et la signature de l’accord écrit a été ramené à 1 ou 2 mois en moyenne.

D’autre part, les principales raisons du refus des demandes sont les suivantes :

  • La demande n’entre pas dans le champ d’application de la désignation de l’organisme notifié
  • La demande n’est pas complète
  • Le produit/dispositif est mal classé.

En ce sens, le nombre de refus de demandes a été de 367 en octobre 2023.

Le délai moyen pour obtenir un nouveau certificat MDR est compris entre 6 et 12 mois et plus de 13 mois (jusqu’à un maximum de 24 mois). Pour les évaluations du système de gestion de la qualité du produit, le délai moyen pour la majorité des organismes notifiés est supérieur à 13 mois.

Concernant l’Intelligence Artificielle, le 13 mars 2024, le Parlement européen a approuvé le texte de loi sur l’IA. En décembre 2023, les membres du Parlement ont approuvé la loi sur l’IA par 523 voix pour, 46 contre et 49 abstentions. La nouvelle loi introduit des obligations pour les applications d’IA en fonction des risques potentiels et du niveau d’impact qui leur sont associés, par exemple en fonction de leur préjudice potentiel pour la santé, la sécurité, les droits fondamentaux, l’environnement, la démocratie et l’État de droit.

La loi sur l’IA classe les systèmes d’IA en quatre catégories, en fonction de leur niveau de risque. Les logiciels d’IA pour dispositifs médicaux entrent dans la deuxième catégorie de risque la plus élevée (risque élevé).

Concernant la télémédecine, l’équipe du département Industries des produits de santé du cabinet LEX CASE a publié un article concernant le décret n°2024-164 du 29 février 2024 relatif aux sociétés de téléconsultation. La téléconsultation a pour objet de permettre à un professionnel médical de donner à un patient une consultation à distance. Ce décret complète les dispositions de l’article 53 de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2023. Il précise, notamment, la procédure de renouvellement, de retrait et de suspension de l’agrément des sociétés de téléconsultations, les conditions liées aux comités médicaux et les critères de prise en charge par l’assurance maladie. Certains points semblent devoir être reprécisés à l’avenir.

Toujours concernant la téléconsultation, l’ON TUV SUD propose un webinaire gratuit le 03 Avril en lien avec la ligne directrice ISO13131 “Informatique de santé – Services de télésanté – Lignes directrices pour la planification de la qualité” qui fournit des processus qui peuvent être utilisés pour analyser les risques pour la qualité et la sécurité des soins de santé et la continuité des soins lorsque des services de télésanté sont utilisés pour soutenir les activités de soins de santé.

Le GMED a publié une newsletter spécifiquement consacrée au PSUR : exigences et retours d’expérience. 

Source : Commission européenne, LEX CASE, TUV SUD, MDLaw.eu

Un nouvel outil de développement pharmaceutique.

Un nouvel outil de développement pharmaceutique.

Un nouvel outil, prédisant la biodisponibilité ainsi que les interactions médicamenteuses, a été découvert par des chercheurs du MIT.

Des chercheurs du MIT à Boston ont développé un modèle à l’aide d’un algorithme d’apprentissage automatique et de l’ingénierie tissulaire pour prédire le risque d’interactions entre médicaments, notamment des molécules déjà commercialisées avec des candidats médicaments.

Ce travail a été publié dans Nature Biomedical Engineering.

Les chercheurs ont utilisé l’ingénierie tissulaire et l’intelligence artificielle pour mettre au point un système utilisant du tissu porcin ex vivo pour modéliser un contexte physiologique similaire aux structures cellulaires et à l’expression protéique retrouvées chez l’être humain, puis un algorithme entraîné avec les données d’interactions de différentes molécules avec les transporteurs présents dans le tissu porcin.

Les chercheurs ont d’abord utilisé 24 médicaments dont les interactions avec des transporteurs sont connues pour entraîner le modèle à prédire ensuite si une nouvelle molécule peut interagir avec un transporteur en particulier à partir des similarités chimiques. Le modèle a été appliqué à 28 autres médicaments et 22 petites molécules en développement: il a permis d’identifier des interactions avec des transporteurs retrouvées dans la littérature pour 57,1% des médicaments et pour l’ensemble, 58 interactions inconnues.

Ces résultats suggèrent que le criblage des molécules pour leurs interactions avec le transportome intestinal à l’aide d’un modèle associant extrait tissulaire et apprentissage automatique semble pouvoir accélérer le développement de candidats médicaments et l’évaluation de leur profil de sécurité, concluent les auteurs.

Sur la base de ces travaux, des auteurs de l’étude, Thomas van Erlach, le Pr Robert Langer et Giovanni Traverso ont créé la biotech Vivtex, qui propose une plateforme robotisée utilisant du tissu intestinal intact pour tester des molécules développées pour une administration par voie orale, indique le MIT dans un communiqué.

Source : Nature Biomedical Engineering

Quelques acquisitions annoncées dans la pharma.

Quelques acquisitions annoncées dans la pharma.

Voici quelques acquisitions annoncées ces derniers jours dans la pharma, notamment par AZ et BOEHRINGER-INGELHEIM.

ASTRA ZENECA (UK) / AMOLYT (France)

Amolyt Pharma, société française basée à Lyon et spécialisée dans le développement de peptides thérapeutiques au stade clinique ciblant les maladies endocriniennes et métaboliques rares, a conclu un accord définitif au terme duquel AstraZeneca fera l’acquisition d’Amolyt Pharma pour un montant initial de 800 millions de dollars et un paiement d’étape potentiel de 250 millions de dollars. Alexion accueillera l’équipe d’Amolyt Pharma.

BOEHRINGER INGELHEIM (Allemagne) / SOSEY HEPTARES (Japon)

Boehringer Ingelheim a formé un partenariat avec Sosei Heptares dans le cadre d’un accord (85 M €) visant à développer un nouveau type de médicament axés sur le GPR52 contre la schizophrénie, ont annoncé les sociétés. Les sociétés prévoient que la stimulation de cette cible avec un médicament pourrait ouvrir la voie à une nouvelle façon de traiter la schizophrénie.

PRODUCT LIFE GROUP (France) / INTERGRITY (UK)

Après avoir acquis la société australienne COMMERCIAL EYES, le groupe PLG acquiert le britannique INTEGRITY, basé à Oxford et spécialistes en prestation de services réglementaires. Rappelons que PLG a été repris en 2019 par le fonds italien BENETTON

CEVA SANTE ANIMALE (France) / SCOUT BIO  (USA )

Ceva Santé Animale (Ceva) annonce l’acquisition de Scout Bio, entreprise pionnière des biotechnologies de pointe dans les soins aux animaux de compagnie. Cette décision lui permet d’accéder et d’intégrer des innovations clefs comme l’emploi d’anticorps monoclonaux et le développement de la thérapie génique pour apporter une solution aux maladies chroniques chez les animaux de compagnie.

Sources : Communiqués d’entreprises

Quelques nominations dans la pharma et la santé.

Quelques nominations dans la pharma et la santé.

Voulez-vous tenir à jour votre réseau ? Voici quelques nominations annoncées dans la pharma et la santé.

Pierre BOYER / SERVIER

Servier annonce la nomination de Pierre Boyer en qualité de Directeur Général de la filiale Servier France. Pharmacien, MBA il dirigeait précédemment la filiale Belgique Luxembourg.

Philippe GUY / MEDINCELL

Philippe GUY (Ex Boston Consulting Group), stratège expérimenté de l’industrie pharmaceutique, devient Président du conseil de surveillance de MedinCell.

Jérôme VAILLAND / 4P PHARMA

4P-Pharma, annonce la nomination de Jérôme Vailland (ex Ernst & Young ; COAVE Therapeutics) en tant que Directeur Administratif et Financier de 4P-Pharma et ses filiales.

Mathieu CHARVERIAT / THERANEXUS

Theranexus, société biopharmaceutique innovante dans le traitement des maladies neurologiques rares, annonce aujourd’hui la nomination de Mathieu Charvériat en tant que Président du conseil d’administration à la suite de la démission de Franck Mouthon.  Mathieu Charvériat continuera d’exercer la fonction de Directeur Général en plus de la Présidence du conseil d’administration.

Franck MOUTHON / Agence de programmes pour la recherche en Santé

Emmanuel Macron, a annoncé fin 2023 la création d’agences de programmes confiées à des organismes nationaux de la recherche pour définir et coordonner les thématiques prioritaires pour la France. Dans ce cadre, l’Inserm a annoncé la nomination de Franck Mouthon en tant que directeur exécutif de la nouvelle agence de programmes pour la recherche en santé. Franck Mouthon (THERANEXUS) est l’actuel président de France Biotech, l’association des entrepreneurs de l’innovation en santé. 

Sources : Communiqués d’entreprises