Selon une étude menée au Danemark, un traitement contre le cholestérol permet de réduire la quantité de “polluants éternels” (PFAS) dans le sang de 60% en trois mois.
Selon les résultats d’un essai clinique mené au Danemark, publiés mi-février dans la revue scientifique Environment International, en seulement trois mois, un médicament a permis de réduire de 60 % la concentration de PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées) dans le sang d’une vingtaine de sujets. Soit vingt fois plus vite que le corps est capable de les éliminer sans autre forme d’intervention.
L’objectif de l’étude menée à l’hôpital universitaire de Holbaek, au Danemark, était d’évaluer si le traitement avec un inhibiteurs d’échange d’anions (tel que la Cholestyramine, utilisée dans les traitements contre le cholestérol) pouvait réduire les niveaux sériques de PFOS (perfluorooctanesulfonic acid) dans une population fortement exposée aux PFOS.
L’essai clinique a donc ciblé des adultes vivant à Korsor, une ville portuaire identifiée comme l’un des principaux « hotspots » de contamination identifiés en Europe. En 2021, des concentrations élevées de deux PFAS, le PFOS et le PFHxS, étaient relevées dans du bétail paissant en contrebas d’un centre de formation à la lutte contre les incendies dont les mousses antifeu contenaient des PFAS. S’il est recommandé aux membres de la coopérative locale d’éleveurs de vaches de cesser de consommer leur viande, il est trop tard pour empêcher la contamination de leurs organismes.
Au sein de cette communauté, les taux mesurés de PFOS sont largement supérieurs à la normale (21 ng/mL) et c’est sur 45 résidents, avec un taux médian de 191 ng/mL, que l’essai clinique a été réalisé. Malgré la petite taille de la cohorte, l’effet du traitement, car il est très important, est indiscutable, assure Morten Lindhardt, médecin à l’hôpital d’Holbaek, à l’ouest de Copenhague.
“L’effet du traitement se traduit par une baisse (du taux) dans le plasma de 63%, ce qui correspond à environ une baisse de 3% liée au temps qui passe et de 60% grâce au traitement”, dit-il.
Pas question cependant de traiter toutes les personnes confrontées à des taux faramineux. “Le risque d’effets secondaires est beaucoup trop important, si on traitait tout le monde, ça serait un désastre”, prévient Morten Lindhardt. Il voit un “potentiel” pour les femmes en âge de procréer, pour leur permettre de ne pas transmettre ce haut niveau de PFAS à leur futur enfant. “Ça pourrait rompre la chaine de transmission à la génération future”, dit le médecin.
Par ailleurs, le médicament permet d’éradiquer le “sentiment d’être empoisonné” que peuvent ressentir les personnes à fort taux de polluants, se félicite-t-il.
Source : Le Monde, Science direct