Rendre le cancer du rein « maladie chronique »

publié le 10 Mai, 2022

A Nice, depuis près de quinze ans, le Dr Pagès et son équipe travaillent sur l’optimisation du traitement du cancer du rein.

Le vendredi 6 mai, le Dr Gilles Pagès, aujourd’hui directeur de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) première classe et chef d’équipe au sein de l’Institut cancer et vieillissement (Ircan) de Nice, a reçu le prix du fonds Amgen France pour la Science et l’Humain, sélectionné parmi 90 candidatures. Après des années de recherches, le Dr Gilles Pagès et son équipe ont créé une molécule et leur propre médicament pour compléter les traitements qui existent déjà et imaginer « guérir » ce cancer.

Avant 2008, l’espérance de vie d’un patient atteint d’un cancer du rein métastatique était de trois mois. Petit à petit, on a réussi à atteindre une moyenne de trois ans. On a gagné des années et de la qualité de vie. D’abord, grâce à un médicament qui visait le composant VEGF, qui fabrique des vaisseaux sanguins. Ça a été imaginé en premier lieu pour les cancers du côlon, puis celui des poumons, du sein et enfin, pour le cancer du rein. C’était un traitement révolutionnaire car il permettait d’allonger l’espérance de vie. Mais les médecins se sont rendu compte qu’il n’était pas efficace pour tous les patients, parfois il provoquait même l’effet inverse. Puis, il y a eu l’immunothérapie, qui a également retardé l’échéance fatale, mais seulement chez 20 % des patients. En réalité, il y a autant de tumeurs qu’il y a de patients. En quinze ans, il y a eu quasiment un traitement approuvé par an pour cette maladie. C’est un domaine très actif parce que la maladie est associée à des mutations particulières.

Après toutes ces années de recherches, des dépôts de brevets, de fortes de collaborations, notamment avec l’institut de chimie de Nice, Dr Gilles Pagès et son équipe ont développé une molécule afin de créer un nouveau médicament. Cette molécule est redondante avec celle qui cible la protéine VEGF et inhibe la croissance tumorale. Elle est aussi efficace pour les modèles de tumeurs insensibles à l’immunothérapie [qui vise à induire ou amplifier la réponse immunitaire anticancéreuse]. Leur traitement, combiné à ceux qui existent déjà, permettra, il l’espère, de faire de cette maladie, une maladie curable. Mais rien que de pouvoir en faire une maladie chronique et permettre à des patients de vivre, c’est une immense fierté.

Dr Gilles Pagès et son équipe ont créé leur propre start-up, Roca Therapeutics, en avril 2021, qui a récolté tous les prix et financements possibles de l’académie et qui est même lauréate de l’i-Lab. Ils en sont actuellement aux phases de toxicologies réglementaires, ce qui sera finalisé d’ici fin 2022, voire début 2023. Ensuite, ils doivent soumettre le traitement aux autorités de santé de l’agence européenne des médicaments, avec un premier essai clinique courant 2023. En fonction de sa validation, sans toxicité chez un patient, on passe en phase 2 avec plus de patients puis la phase 3 et l’essai en aveugle.

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