De petites vésicules produites par le tissu graisseux semblent constituer des convoyeurs stables de l’adiponectine, une hormone qui joue un rôle clé dans le métabolisme du glucose.
L’adiponectine, une hormone synthétisée par des cellules du tissu adipeux, améliore la sensibilité à l’insuline, c’est-à-dire la capacité de l’organisme à stocker du glucose pour une utilisation ultérieure. Chez les personnes en situation de surpoids et d’obésité, la production de cette hormone chute, ce qui favorise l’apparition d’une insulinorésistance puis d’un diabète de type 2, maladie métabolique associée à de nombreuses complications.
Dès lors, l’administration d’un traitement à base d’adiponectine pourrait contribuer à réduire leur risque de diabète. Mais cette approche est difficile à concrétiser. En effet, avant d’être biologiquement actives, les molécules d’adiponectine qui circulent librement dans le sang doivent s’assembler par groupe de trois pour former des trimères, qui s’agrègent ensuite en de plus gros complexes : un processus de synthèse qui s’est avéré aussi difficile à reproduire en laboratoire que coûteux, limitant le développement clinique de cette stratégie. Mais grâce aux travaux récents de Soazig Le Lay et de son équipe, une nouvelle approche semble se dessiner : l’utilisation de formes bioactives de l’hormone transportées par des vésicules extracellulaires (VEs).
Afin de s’assurer que les formes vésiculaires de l’hormone ont les mêmes propriétés que la forme libre, l’équipe a étudié leur capacité à restaurer la sensibilité à l’insuline de cellules devenues résistantes : lors d’expériences conduites aussi bien in vitro qu’in vivo, les chercheurs ont montré qu’un traitement à base de vésicules riches en adiponectine permet effectivement de corriger l’insulinorésistance de cellules du foie. In vivo chez des souris soumises à une alimentation riche en graisses, ce même traitement prévient le développement d’un diabète de type 2. L’équipe a également décrit que l’adiponectine limite l’inflammation, dont le rôle initiateur ou aggravant des troubles métaboliques et cardiovasculaires est connu.
Soazig Le Lay ne compte évidemment pas s’arrêter là : « Nous avons obtenu deux financements, l’un de l’Agence nationale de la recherche (projet Evadipo) et l’autre de la Fondation francophone pour la recherche sur le diabète, pour développer un traitement fondé sur l’utilisation de ces vésicules enrichies en adiponectine. Nous avons d’ores et déjà établi un partenariat avec une entreprise qui a mis au point une technologie de production standardisée de telles vésicules à partir de cultures cellulaires humaines. Mais nous n’en sommes évidemment qu’au début du processus et il va encore falloir valider la sécurité d’emploi et l’efficacité clinique de ce potentiel biomédicament. »
Si les travaux développés par l’équipe de Soazig Le Lay aboutissent, ils constitueraient un réel progrès pour la prise en charge des patients dont le diabète est mal contrôlé par les médicaments actuels.
Source : INSERM