Détruire les cellules cancéreuses du pancréas

publié le 4 Juil, 2022

L’Institut Curie vient de mettre en évidence des molécules d’un genre nouveau

Inactives lorsqu’elles sont administrées, les « prodrogues » deviennent bio-actives à la suite d’une réaction chimique à l’intérieur de la cellule ou de l’organisme. A l’Institut Curie, l’équipe « Chimie et biologie du cancer » menée par Raphaël Rodriguez vient de mettre en évidence in vitro l’efficacité anti-tumorale et spécifique de prodrogues sur des cellules cancéreuses du pancréas métastatiques et résistantes aux traitements conventionnels. Publiés dans le Journal of the American Chemical Society, ces résultats mettent à profit la chimie du fer dans le cancer et ouvrent la voie au développement d’une nouvelle classe de médicaments anti-tumoraux.

Le fer est impliqué dans des mécanismes cellulaires qui conduisent certaines cellules – dites persistantes – à devenir métastatiques, résistantes aux traitements anti-tumoraux conventionnels et donc à l’origine des récidives. Cependant, du fait même de la présence du fer, ces mêmes cellules présentent une sensibilité accrue à la ferroptose : une mort cellulaire provoquée par la formation incontrôlée de certains composés létaux (lipides peroxydés) qui se forme dans un compartiment spécifique de la cellule (le lysosome). C’est sur cette sensibilité que s’appuient les chercheurs pour mettre en œuvre une stratégie ciblant spécifiquement cette voie chimique.

 « Grâce aux petites molécules chimériques que nous avons développées, notre fenêtre thérapeutique s’élargit : nous parvenons à cibler spécifiquement les cellules tumorales les plus néfastes pour l’organisme tout en épargnant les cellules saines. S’il nous faut poursuivre nos travaux vers la clinique, les perspectives sont prometteuses. » précise Raphaël Rodriguez directeur de recherche au CNRS au sein de l’unité Chimie et Biologie de la Cellule (Institut Curie, Inserm, CNRS). 

 Le Pr Alain Puisieux, directeur du Centre de recherche de l’Institut Curie, co-auteur de l’étude déclare de son côté : « Ces résultats confortent la stratégie choisie de cibler le métabolisme du fer dans les cellules tumorales qui sont impliquées dans les processus métastatiques et les récidives. Ils illustrent concrètement les potentialités de la chemical biology, cette discipline qui vise à utiliser les principes de la chimie physique et la connaissance de la biologie pour avoir un impact sur la médecine. C’est pourquoi, au sein du Centre de recherche de l’Institut Curie, nous avons fait le choix de développer cette expertise à l’avenir prometteur en terme de solutions thérapeutiques pour la cancérologie».

 

Source : La gazette du laboratoire

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