L’Académie nationale de Pharmacie exprime une vive inquiétude et exige d’urgence une coordination au niveau de l’Etat.
Par l’effet conjugué de différentes crises et situations critiques au niveau mondial impactant les marchés globalement, les alertes s’enchaînent en provenance des producteurs de médicaments, des producteurs de DM et des pharmaciens hospitaliers, sur l’indisponibilité progressive de matériaux de base, réactifs, matériels et autres composants entrant dans la fabrication des médicaments, des DM, utilisés ou non en association.
De plus, l’industrie pharmaceutique et l’industrie du dispositif médical sont des « marchés » trop petits pour être considérés comme prioritaires par les principaux fournisseurs face aux autres industries consommatrices de ces mêmes matériaux (acier, aluminium, verre, carton d’emballage…).
À cela s’ajoute une très forte hausse des coûts de production (énergie), qui a pour résultat, pour certains médicaments, d’obérer la poursuite de leur production et commercialisation. Des entreprises envisagent déjà l’arrêt de fabrication et de commercialisation de certaines de leurs spécialités.
Parallèlement, les pharmaciens hospitaliers font face à des annonces, par les fabricants de DM, de suppression imminente de gammes de DM « anciens » mais toujours utiles en conséquence de l’entrée en application du Règlement 2017/745 (RDM).
Au regard de ces constats, l’Académie observe qu’il n’existe aucune instance administrative susceptible de coordonner effectivement la surveillance, la gestion et la coordination relatives à la disponibilité ou la pénurie en matériaux indispensables à la production des produits de santé (médicament et dispositifs médicaux).
L’Académie nationale de Pharmacie recommande à nouveau qu’à côté de l’ANSM soit désignée une instance interministérielle (Haut-Commissariat, délégué…), avec un rôle de coordination entre les diverses administrations et les divers secteurs industriels concernés. Cette structure devra travailler en lien avec l’EMA et l’HERA au niveau européen. Elle devra en priorité se préoccuper des questions d’approvisionnement en matériaux et réactifs indispensables à la production des produits de santé. Son rôle devrait être élargi à l’analyse de fond des situations de pénuries et leurs causes avec pour objectif de permettre de dégager les priorités de santé publique en termes de productions à relocaliser et de cibler au mieux celles nécessitant des aides publiques.
Source : Académie nationale de Pharmacie