Les entreprises pharmaceutiques et medtech sont invitées à participer à un projet sur l’exposition, les émissions et la gestion de la fin de vie des PFAS dans le secteur de la santé.
Au cours des dernières années, l’attention s’est portée de plus en plus sur les PFAS (substances per- et poly-fluoroalkyles), un groupe de plus de 10 000 produits chimiques synthétiques largement utilisés dans les produits de consommation et les produits industriels. Leur stabilité chimique et leur résistance à l’huile et à l’eau les ont rendues incroyablement utiles dans de nombreuses industries, y compris le secteur pharmaceutique, où elles sont essentielles pour les médicaments et les dispositifs médicaux, la fabrication et l’emballage.
À la suite d’une proposition conjointe de restriction REACH par cinq États membres de l’UE en 2023, ce vaste groupe de produits chimiques a été placé sous les feux de la rampe en raison des préoccupations environnementales et sanitaires, ce qui pourrait aboutir à une interdiction généralisée de tous les PFAS d’ici à 2027.
L’industrie de santé recherche activement des alternatives. Dans le cadre de l’initiative “Innovative Health” (IHI) – un partenariat public-privé pour la recherche et l’innovation en matière de santé entre l’UE et les industries européennes des sciences de la vie – un appel a été lancé pour un projet sur l’exposition, les émissions et la gestion de la fin de vie des PFAS dans le secteur des soins de santé.
Dans le cadre de cette initiative, au moins 48 millions d’euros – dont la moitié sous forme de contributions en nature de l’industrie et l’autre moitié sous forme de financement de l’UE pour les partenaires publics – seront consacrés à l’étude des PFAS actuellement utilisés dans les secteurs pharmaceutique et medtech, à l’identification des possibilités d’élimination progressive des PFAS préoccupants et à la recherche de solutions de remplacement qui maintiennent au moins le même niveau de sécurité pour les patients et de performance pour les produits.
Du côté de l’industrie, l’initiative est menée par UCB, une société pharmaceutique basée en Belgique, et implique 26 sociétés pharmaceutiques et medtech. D’autres propositions porteront sur l’amélioration de l’utilisation des matériaux PFAS et la réduction de l’exposition environnementale, sur la cartographie des types et des applications des PFAS tout au long de la chaîne d’approvisionnement et sur le développement d’une base de données de solutions de remplacement.
L’appel est ouvert jusqu’au 23 avril pour que les consortiums puissent postuler au financement. Les grandes entreprises qui souhaitent apporter une contribution en nature et rejoindre le consortium industriel existant peuvent contacter l’EFPIA.
Une enquête menée par l’EFPIA auprès de 40 entreprises pharmaceutiques a révélé qu’au moins 93 % de la fabrication des API repose sur les PFAS. Si l’interdiction s’applique telle qu’elle est proposée, un large éventail de médicaments deviendra rare ou indisponible, ce qui aura un impact sur la santé des patients, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Espace économique européen (EEE). La fabrication et le développement de produits devront être délocalisés en dehors de l’EEE, ce qui aura un impact sur l’économie et l’autonomie stratégique de l’Europe. En outre, interdire les PFAS au sein de l’UE tout en important des produits contenant des PFAS d’ailleurs serait incohérent et nuirait à la crédibilité de la politique.
Pour que la réglementation soit adaptée, l’EFPIA propose trois recommandations :
1. Des dérogations limitées dans le temps jusqu’à ce que des solutions alternatives appropriées soient communément acceptées et qualifiées.
2. Le développement de partenariats tout au long des chaînes d’approvisionnement afin de mieux gérer les émissions de PFAS.
3. Les autorités sanitaires mondiales accélèrent l’approbation des solutions de remplacement sans fluor.
Source : politico.eu