Une piste prometteuse pour prévenir l’atteinte psychique conséquente à une infection transitoire est en cours d’étude.
Le nerf vague détecte, grâce à des récepteurs identifiés, une inflammation digestive ou pulmonaire. Des structures et des réseaux cérébraux spécifiques perçoivent et intègrent ces messages humoraux et neuraux afin d’orchestrer une réponse régulatrice à la fois neuroendocrinienne, neurovégétative et comportementale.
L’activation neuroendocrinienne se caractérise par une libération de cortisol, principale hormone de stress. Les modifications comportementales affectent l’humeur, l’attention, le sommeil, et l’appétit. Cette réponse a pour finalité de contrôler l’inflammation afin de préserver l’intégrité du milieu intérieur. Elle peut toutefois dans certaines circonstances être inadaptée et produire des désordres immunologiques et/ou psychiques.
Une infection sévère, dénommée également sepsis, est la condition la plus fréquente capable de déclencher cette stratégie de défense contre le stress inflammatoire. Fait aggravant, le sepsis est également associé à des troubles chroniques psychologiques, tels qu’une anxiété, une dépression et un syndrome de stress post-traumatique. Ils augmentent significativement le risque suicidaire et impactent durablement la vie personnelle, sociale et professionnelle des patients.
«Aucun traitement préventif n’a été ce jour démontré efficace, sans doute en raison d’une compréhension insuffisante de leur physiopathologie, notamment des réseaux neuronaux impliqués dans leur genèse », indique le Pr Sharshar, Chef du pôle Neuro Sainte-Anne.
Dans une étude expérimentale publiée dans la revue Brain, des chercheurs de l’Institut Pasteur, du CNRS et des cliniciens du GHU Paris Psychiatrie & Neurosciences ont identifié un circuit neuronal dédié qui, suite à une infection, induit un comportement anxieux quinze jours après la guérison.
« Cette découverte permet d’envisager de nouvelles stratégies thérapeutiques en cas de sepsis puisque nous avons observé que l’administration d’un agent capable de prévenir l’hyperactivation de ce circuit réduisait les risques de développer des troubles de l’anxiété » explique le Pr Lledo, chercheur CNRS, responsable de l’Unité “Perception et mémoire” à l’Institut Pasteur.
Cette étude a pour mérite d’avoir identifié à la fois un circuit dédié aux troubles anxieux post-sepsis et un potentiel traitement pharmacologique. Ce dernier sera prochainement testé à l’occasion d’un essai thérapeutique multicentrique randomisé. En révélant le lien qui relie la neuro-inflammation aux troubles psychiatriques, ce travail entre en écho avec le contexte actuel de pandémie COVID-19 et de COVID-long.
Source : Institut Pasteur