L’industrie pharmaceutique est la première victime de la directive européenne relative au traitement des eaux urbaines résiduaires.
Lancée en 2022 par la Commission européenne, la révision de la directive relative au traitement des eaux urbaines résiduaires (UWWTD), qui vise à intensifier les efforts des Vingt-Sept pour éliminer les sources de pollution dans les eaux usées, a obtenu l’accord du Conseil de l’Europe au mois de novembre 2024. Entrée en vigueur le 1er janvier 2025, elle impose aux industries pharmaceutiques et cosmétiques de payer au moins 80 % des coûts d’élimination des polluants des eaux usées urbaines,
La directive prévoit que seuls les secteurs pharmaceutique et cosmétique financent la modernisation et les coûts de fonctionnement de plusieurs centaines de stations d’épuration en Europe. Le secteur, déjà accablée par l’inflation, la hausse des coûts de la main-d’œuvre, de l’énergie, des ingrédients, des matériaux d’emballage et des transports, et confrontée à une chaîne d’approvisionnement perturbée en raison des situations de guerre dans plusieurs régions, fait face à un coup dur avec l’UWWTD. Avec le plafonnement des prix du marché, les pénuries massives de médicaments qui en résulteront feront que les patients européens, qui dépendent quotidiennement de ces médicaments, ne pourront plus les trouver dans les pharmacies.
Les laboratoires pharmaceutiques estiment être victimes d’une discrimination de la part de Bruxelles, arguant que le poids financier induit par cette nouvelle directive devrait être supporté par davantage de secteurs industriels que ceux actuellement ciblés par la réglementation
Les coûts de ce système, compris entre 5 milliards d’euros par an selon les projections allemandes et 11 milliards d’euros par an selon les sources du secteur européen de l’eau, créeraient des pénuries massives de médicaments, auraient des conséquences négatives sur l’accès des patients aux médicament. Les médicaments génériques, qui représentent 70 % de l’ensemble des médicaments prescrits en Europe et 9 médicaments essentiels sur 10, alors qu’ils ne représentent que 19 % de la valeur du marché, sont particulièrement à la merci de la taxe UWWTD en raison de leurs volumes importants et de leurs prix strictement plafonnés.
Source : Le Monde