Estimation provisoire de l’impact carbone de l’industrie de santé

publié le 22 Jan, 2025

The Shift Project a cherché à le quantifier, mais l’exercice est délicat étant donné la complexité et la mondialisation des chaînes de production. L’ONG demande aux acteurs concernés de faire part de leurs remarques, critiques et propositions.

The Shift Project mène depuis 2023 avec le soutien de la CNAM et du HCAAM un travail de recherche collaboratif dont l’objectif est de préciser l’empreinte carbone des industries de santé sur leur chaîne de valeur puis de déterminer les leviers de décarbonation de la production des médicaments et dispositifs médicaux. L’ONG vient de publier deux rapports intermédiaires (un pour les industries du médicament et un pour les industries du dispositif médical) dans lesquels elle donne des premiers chiffres. Ces chiffres ont été présentés lors d’une visioconférence le 16 janvier.

Du côté des médicaments, entre 5 et 15 millions de tonnes équivalent carbone (CO2e), avec 3 milliards de boîtes produites pour répondre à la demande nationale (soit 45 boîtes par habitant et par an). 90 % de ces boîtes sont vendues en ville, 10 % administrées à l’hôpital (via une solution dans 60 % des cas dans les établissements sanitaires). Plus de 28 000 tonnes de principes actifs, 220 000 tonnes d’excipients et 115 000 tonnes d’emballages primaires et secondaires (notices comprises) ont été nécessaires pour fournir ces médicaments, selon les calculs de The Shift Project.

A priori, les principales émissions sont causées par la production des matières premières et des produits semi-finis avec environ 2 000 kilotonnes CO₂e pour les principes actifs, souvent fabriqués à l’étranger (60 % des masses de substances actives des médicaments consommées en France proviennent d’Asie), 1000 kilotonnes CO₂e pour la production des excipients et 500 kilotonnes CO₂e pour la production des emballages primaires, secondaires et des notices.

Du côté des dispositifs médicaux, le score se monte pour l’instant à 2,1 millions de tonnes équivalent carbone. Au podium de l’origine des GES, les matières premières montent sur la première marche (52 %) devant la production (21 %) et les transports (12 %), les emballages ne pesant que 3 % du total.
Lorsqu’on examine la part de chaque famille de DM dans le bilan carbone, on s’aperçoit que les 74 000 tonnes/an de consommables plastiques hospitaliers (seringues, plateaux à instruments, tubulures, poches à perfusion…) occupent la tête de gondole avec 28 %, devant les aides techniques (fauteuils roulants, matelas anti-escarres…) avec 23 %, et les produits d’incontinence avec 20 % (1,8 milliards de protections consommées en France chaque année).

Cependant ces rapports intermédiaires sont encore des documents de travail imparfaits, incomplets et évolutifs. Plusieurs facteurs l’expliquent. D’abord les périmètres couverts. Vu le nombre de DM (plus de 20 000 différents, des seringues aux prothèses en passant par l’imagerie), The Shift Project s’est focalisé pour l’instant sur certains d’entre eux. N’ont pas été pris en compte par exemple une partie des DM implantables, les bras chirurgicaux, les générateurs de dialyse, les pousse-seringue… Ensuite certaines données manquent à l’appel. Si l’impact des matières premières, des procédés de transformation, des excipients, de leur fin de vie a été intégré au calcul, le travail doit être poursuivi pour les activités connexes (la R&D, le commercial, le marketing…), le conditionnement ou le stockage s’agissant des médicaments.

Il est donc demander aux acteurs concernés de faire part de leurs remarques, critiques et propositions à l’adresse indus-sante@theshiftproject.org ou en direct sur ses versions collaboratives en ligne.

Il faudra attendre juin pour des résultats plus précis et plus fiables.

Source : The Shift Project, achat-logistique.info

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