Depuis le début de l’année 2025, l’ANSM a signalé des tensions d’approvisionnement concernant plusieurs médicaments utilisés pour traiter des troubles psychiatriques comme la schizophrénie, la bipolarité et la dépression.
La pénurie d’antidépresseurs en France résulte de plusieurs facteurs qui ont conduit à des difficultés d’approvisionnement et à des ruptures de stock affectant une quinzaine de médicaments psychotropes essentiels. Parmi les 14 médicaments psychotropes touchés figurent la quétiapine, la téralithe, la sertraline et la venlafaxine.
Les causes principales de la pénurie sont les suivantes :
• Une demande mondiale croissante : La consommation de médicaments psychotropes a augmenté ces dernières années, entraînant une pression sur la production et l’approvisionnement.
• Une usine à l’arrêt : L’un des principaux fournisseurs de quétiapine en France (60%), l’usine Pharmathen Institutionnal située en Grèce, a suspendu ses activités pendant plusieurs mois en raison de problèmes de qualité. Elle a repris une activité normale fin avril.
• Une réglementation des prix défavorable : Le prix des psychotropes étant fixé à un niveau bas en France, les industriels privilégient la distribution vers des pays où ces médicaments sont vendus plus cher, aggravant la pénurie.
L’arrêt brutal du traitement, dû à l’absence de médicament disponible, peut provoquer de graves effets secondaires. Les patients peuvent subir une recrudescence d’angoisse, des idées suicidaires ou des épisodes de déstabilisation clinique nécessitant une hospitalisation. Beaucoup sont contraints de rechercher leurs médicaments dans plusieurs pharmacies, avec peu de succès.
Face à cette situation préoccupante, l’ANSM a mis en place plusieurs initiatives :
• Restriction des exportations pour garantir la disponibilité des médicaments en France.
• Demande aux laboratoires concernés de rechercher des pistes d’importations
• Activation du mécanisme de solidarité européenne afin de faire appel au soutien des autres autorités de santé européennes pour l’identification de stocks de médicaments pouvant être redirigés vers la France sans impact pour les autres pays
• Délivrance de certains traitements à l’unité.
• Autorisation pour certaines pharmacies de produire des préparations magistrales dans le cas de la Sertraline. Toutefois, l’association des Pharmaciens des préparatoires de France (Pref) et le Syndicat national de la préparation pharmaceutique (SN2P) indiquent ne pas pouvoir s’engager dans cette fabrication en raison des conditions tarifaires économiquement non compatibles avec la réalisation de ces préparations magistrales.
Si la situation semble s’améliorer légèrement pour certains médicaments, notamment la quétiapine et le téralithe dont le retour progressif est attendu, les tensions devraient persister pour des antidépresseurs comme la sertraline et la venlafaxine.
Source : FranceInfo, ANSM, VIDAL, CNOP