L’origine de NIVAQUINE

publié le 4 Jan, 2023

La NIVAQUINE n’est plus commercialisée depuis septembre dernier. L’occasion de revenir sur les origines de ce très vieux médicament mis sur le marché en 1949.

Une page est donc définitivement tournée pour cet antipaludéen historique. Depuis septembre 2022, la NIVAQUINE 100 mg comprimé sécable (chloroquine) n’est plus commercialisée signant l’arrêt total de mise à disposition de la chloroquine en France, puisque la NIVAQUINE 25 mg/5 mL sirop n’était déjà plus disponible depuis juin 2021.

L’histoire de la NIVAQUINE remonte à la conquête de l’Amérique avec la découverte de la quinine qui provient des arbustes appelés quinquinas, originaire du nord-est de l’Amérique du Sud. Les indigènes utilisaient leurs écorces pour leur propriété antipyrétique. Au XVIIe siècle, les conquêtes évangéliques font main basse sur cette poudre précieuse, dite « poudre des jésuites » ou encore « poudre cardinale », qui guérit les fièvres intermittentes. Préparation, exportation et utilisation arrivent alors en Europe où le paludisme sévit largement. En France, la maladie est présente dans les régions marécageuses de la Camargue et de la Sologne. À Versailles, « Louis XIV lui-même n’est pas épargné » et, au XIXe siècle, Paris connaît une épidémie avec le creusement du canal Saint-Martin en 1811.

En 1820, deux pharmaciens parisiens Joseph Bienaimé Caventou et Pierre Joseph Pelletier en isolent un alcaloïde fondamental : la quinine. Six ans plus tard, ils industrialisent cette substance : 138 tonnes d’écorce de quinquina sont traitées pour extraire 1 800 kilos de sulfate de quinine. C’est la première usine de production pharmaceutique pour traiter le paludisme.

Mais devant la surproduction de quinine, la cueillette du quinquina en Amérique du Sud devient problématique. L’exploitation à outrance de la plante va en effet conduire à sa raréfaction et à la déforestation. Pour pallier le manque de quinine d’origine naturelle, les chimistes vont s’intéresser dès 1849 à la fabrication d’antipaludéens de synthèse et les deux guerres mondiales vont stimuler la recherche. Tout d’abord, les Allemands ont découvert la plasmoquine (ou pamaquine) en 1922 puis l’atébrine (ou mépacrine ou quinacrine) en 1926.

En 1940, dans la guerre du Pacifique, l’occupation japonaise des îles de la Sonde coupe les troupes alliées des zones de production de l’écorce de quinquina. Les soldats américains sont privés de médicaments antipaludéens. Devant le besoin pressant de traitements contre le paludisme, l’industrie pharmaceutique américaine s’est alors lancée, elle aussi, dans les substituts synthétiques, à partir des découvertes allemandes.

Lorsque les porte-avions américains coupent les voies nipponnes d’acheminement de la quinine. Pour pousser l’ennemi à ne pas prendre ces antipaludiques, le haut commandement nippon déclare à la radio que ces médicaments rendent impuissants. Devant le désordre provoqué auprès de ses soldats, l’armée américaine riposte, non sans peine, en déclarant que « les antipaludiques ne rendent pas impuissants. Au contraire ».

Les molécules de synthèse, avec le même noyau de base (quinoléine), et de coût de fabrication très faible, tendent ainsi à remplacer la quinine d’extraction, plus chère.

Plusieurs substituts voient le jour : quinacrine, primaquine, plasmoquine, sontochine, résochine. La résochine prend le nom de chloroquine en février 1946 et en France, elle fut mise sur le marché en 1949 sous le nom de NIVAQUINE. Antipaludique de synthèse de la famille des amino-4-quinoléines, elle a été largement utilisée non seulement en France, mais également aux États-Unis sous le nom d’ARALEN.

De 1960 à 1985, Plasmodium falciparum devient progressivement résistant à la chloroquine et ses indications deviennent de plus en plus restreintes. À ce jour, la NIVAQUINE n’était plus indiquée que pour le traitement des accès palustres à Plasmodium vivax, ovale ou malariae.

En revanche, la quinine extraite de l’écorce de quinquina a toujours sa place, certes pas en première intention, dans la palette thérapeutique du paludisme.

 

Source : VIDAL

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