Lors de la dernière édition du congrès annuel de la Société américaine d’oncologie clinique, médecins et chercheurs ont présenté leurs résultats prometteurs dans la lutte contre le cancer.
L’ASCO, le grand rendez-vous mondial organisé par la Société américaine d’oncologie, a eu lieu du 30 mai au 3 juin 2025 à Chicago (Etats-Unis) et a réuni plus de 30 000 médecins et chercheurs du monde entier. L’édition 2025 a été très riche avec ses 6 508 communications présentées à l’oral ou sous forme de posters – dont 340 ayant un auteur issu d’une institution française.
Quelques exemples de communications sont présentés ci-dessous :
Sur le cancer du poumon, à petites cellules, très agressif, c’est le CHU de Toulouse qui est à l’honneur : le Pr Julien MAZIERES et son équipe participent à une étude internationale de phase 3 d’évaluation d’un nouveau traitement, le tarlatamab, chez les patients en rechute de cancer du poumon à petites cellules. Selon les premiers résultats qui sont majeurs, la thérapie prolonge la survie (13,6 mois contre 8,3 avec une chimiothérapie), s’accompagne de moins d’effets secondaires sévères et permet une amélioration des symptômes respiratoires. A terme, le tarlatamab pourrait s’imposer comme le nouveau standard thérapeutique dans ce contexte. Le CHU de Toulouse est le premier centre recruteur en France.
Dans le cas de la prise en charge du myélome multiple, le CHU de Toulouse joue un rôle clé dans l’essai clinique MIDAS, portée par le Pr Aurore Perrot, qui explore une nouvelle stratégie de traitement pour les patients de moins de 66 ans atteints de myélome multiple.
Traditionnellement, ces patients reçoivent une chimiothérapie intensive suivie d’une autogreffe. Mais grâce à des traitements plus efficaces dès le départ, certains pourraient éviter cette étape lourde. L’étude MIDAS adapte le traitement selon la réponse du patient après 6 mois d’immunothérapie ciblée : le traitement pourrait éviter une greffe ou, a minima, une des deux greffes de moelle pour les patients les plus difficiles à traiter.
Déjà 791 patients sont inclus dans 70 centres en France et Belgique, avec le CHU de Toulouse en tête des inclusions.
L’Institut Curie, avec des présentations couvrant de nombreux types de cancers, donne également espoir sur le cancer du sein métastatique hormonodépendant en présentant les résultats de l’étude de phase 3 SERENA-6 dans les cancers du sein métastatiques hormonodépendants : une approche pionnière pour intercepter les résistances aux traitements grâce aux biopsies liquides. SERENA-6 est le 1er essai mondial d’enregistrement suivant la voie explorée par PADA-1, démontrant l’intérêt d’une nouvelle hormonothérapie (le camizestrant/Astrazeneca) pour cibler ces mutations dès lors qu’elles apparaissent, de manière à retarder au maximum une ré-évolution tumorale et la dégradation de la qualité de vie qui lui est souvent associée.
L’Institut Curie a également annoncé “des résultats prometteurs pour le tout premier vaccin individualisé ORL au monde”. Le Pr Christophe Le Tourneau, oncologue médical, chef du Département des essais cliniques précoces de l’Institut Curie et responsable de l’oncologie ORL, a présenté les résultats d’une étude de phase 1 randomisée qui a évalué l’effet d’un vaccin innovant développé en collaboration avec Transgene, chez des patients atteints de cancers ORL. Ce vaccin est individuel : chaque patient reçoit un vaccin élaboré à partir du séquençage du génome de ses cellules tumorales et de l’identification d’environ 30 mutations propres à chaque patient grâce à une technologie extrêmement sophistiquée utilisant de l’intelligence artificielle. L’étude montre “qu’aucun des patients ayant reçu le vaccin n’a rechuté”.
Dans les vaccins thérapeutiques contre le cancer, l’Institut Curie travaille également sur une vaccinothérapie dans le cancer du pancréas métastatique. Il s’agit d’un vaccin ciblant cinq antigènes associés à la tumeur, une immunothérapie « prête à l’emploi » différentiée qui permet l’activation des lymphocytes T spécifiques de la tumeur. L’essai PRODIGE TEDOPaM a inclus 106 patients et a atteint son objectif principal, montrant des résultats positifs selon les hypothèses statistiques prédéfinies dans le bras expérimental (vaccin plus chimiothérapie de maintenance), et une toxicité minimale.
En matière d’IA, une communication effectuée au congrès par la société allemande, Mindpeak GmbH, montre que l’IA a amélioré la précision du diagnostic d’un des nombreux types de cancers du sein HER2 en l’occurrence, de 66,7 % à 88,5 % (recherche sponsorisée par Astrazeneca). Plus précis, le diagnostic permet d’accéder sans perte de temps à un traitement ciblé.
Enfin, la société Ipsen a présenté les résultats d’une étude de phase 3 avec un nouveau traitement qui offre une survie médiane de 19,5 mois chez des patients atteints d’un cancer du pancréas métastatique, alors que moins d’une personne sur cinq survit au-delà d’un an. “Une avancée importante pour ce cancer difficile à traiter, pour lequel les données de ce type sont rares”, a commenté Sandra Silvestri, vice-présidente exécutive chez Ipsen, qui rappelle que “les patients ne vivent en moyenne que 4 à 6 mois après le diagnostic d’adénocarcinome pancréatique”.
Sources : ASCO, Institut Curie, CHU de Toulouse, Midi Libre, Le Monde