Des scientifiques de l’Institut Pasteur, en collaboration avec des équipes de l’Inserm, du CNRS et de l’Université Paris Cité, viennent de prouver que les aminosides utilisent les transporteurs des sucres pour traverser les membranes bactériennes. Cette découverte fondamentale, qui devrait rapidement donner lieu à des essais cliniques, a été publiée dans Sciences Advances.
Les aminosides sont des antibiotiques efficaces contre de très nombreuses bactéries telles que Escherichia coli, Pseudomonas aeruginosa ou Staphylococcus aureus. Mais jusqu’à présent, personne ne savait comment ces antibiotiques arrivaient à pénétrer dans les bactéries.
« Nous avons observé, notamment grâce à la fluorescence, que les aminosides pénétraient dans les bactéries E. coli de façon active, en empruntant les portes d’entrées utilisées par les différents glucides. C’est la première fois que l’on mettait en évidence ce mode de transport pour des antibiotiques », indique Zeynep Baharoglu, directrice de recherche dans l’Unité Plasticité du génome bactérien de l’Institut Pasteur.
Les espoirs concernant cette découverte sont importants. L’administration d’uridine pourrait en effet permettre de réduire les doses d’antibiotiques à administrer, diminuant les risques de créer des résistances mais aussi de potentiels effets secondaires. Les aminosides, par exemple, peuvent être toxiques à forte dose pour l’oreille interne ou les reins. « C’est une découverte importante qui pourrait changer la donne pour cette classe d’antibiotiques en permettant son utilisation à plus faible concentration, et élargir son utilisation à d’autres pathologies comme les endocardites ou les chocs septiques ».
Autre perspective : « greffer » l’uridine à divers antibiotiques pour les aider à pénétrer dans des bactéries, des bactéries résistantes notamment. « Il faut savoir que l’uridine est déjà utilisé en clinique ; son absence de toxicité chez l’humain a déjà été démontré, ce qui va nous permettre de gagner du temps pour la synthèse de nouvelles molécules, de faire très rapidement des essais cliniques et donc de réduire les coûts de mise sur le marché, remarque Didier Mazel, responsable de l’Unité Plasticité du génome bactérien de l’Institut Pasteur.
Source : Institut Pasteur

