Face à une conjoncture internationale tendue et à des choix politiques préoccupants, l’Académie nationale de Pharmacie tire la sonnette d’alarme.
Dans un contexte marqué par le vieillissement de la population et une dépendance accrue aux pays hors Union européenne pour la production de médicaments, la disponibilité des produits de santé devient un enjeu stratégique majeur.
L’administration Trump a instauré une « clause de la nation la plus favorisée », imposant que les prix des médicaments aux États-Unis soient alignés sur les plus bas pratiqués dans les pays comparables. Cette mesure exerce une pression directe sur les laboratoires pharmaceutiques, qui pourraient exclure la France du « panier de pays de référence » en raison de ses tarifs historiquement bas.
En conséquence, la France risque de devenir un marché secondaire, ce qui retarderait l’accès des patients aux traitements innovants et nuirait à l’attractivité du pays pour les investissements et la production pharmaceutique.
Ce constat s’inscrit dans une tendance structurelle inquiétante : malgré les ambitions affichées depuis la stratégie de Lisbonne en 2000, la France reste en retrait en matière de recherche et développement (R&D) par rapport à ses partenaires européens et de l’OCDE.
Autre source d’inquiétude, le projet gouvernemental visant à réduire les marges sur les médicaments génériques pour les pharmacies d’officine. Cette mesure pourrait affaiblir davantage un réseau déjà sous tension, alors même que la Cour des comptes, dans son rapport de septembre 2025, souligne l’importance stratégique de ces acteurs dans la chaîne de distribution des médicaments essentiels.
Enfin, la baisse importante constatée du nombre d’étudiants en pharmacie en France aura, à terme, de lourdes conséquences, tant sur la filière officine que sur la filière des métiers de la production pharmaceutique localisée en France.
En conclusion, l’Académie nationale de Pharmacie appelle à une prise de conscience collective et à des mesures urgentes pour préserver l’accès aux soins, soutenir l’innovation, et renforcer la souveraineté pharmaceutique de la France. Une politique pharmaceutique et des produits de santé (médicaments, dispositifs médicaux, etc.) doit être mise en place d’urgence « au plus haut niveau de l’État » laquelle devra intégrer l’ensemble des composantes du sujet : formation, recherche, industrie, officine, fonctions hospitalières et santé publique.
Source : Académie Nationale de Pharmacie